mardi 6 août 2013

Mushers à l'étranger

Cet été, le blog vous propose de partir à la rencontre de mushers installés à l'étranger.
Aujourd'hui :

Alexandra Rochat


Alexandra a émigré au Canada en été 2008 avec chat et chien dans ses bagages. 
Deux ou trois mails, quelques questions et des photos : le Canada comme si vous y étiez !
Merci beaucoup à Alex pour avoir répondu si vite et avec autant d'enthousiasme aux questions du blog !... et à Christine d'avoir fait l'intermédiaire !


ALEXANDRA ROCHAT


Le blog : Quand as-tu immigré  au Canada ? Dans quelle région t’es-tu installée ? Pourquoi ce choix ?

Alex : Je suis arrivée à Whitehorse, au Yukon, le 5 août 2008 avec un permis de travail temporaire d’une année mais avec en tête de m’installer pour du long terme. J’avais déjà voyagé pas mal au Canada mais jamais dans le Nord du pays. Ayant adoré le Nord de l’Europe (la Suède en particulier) mais ne me voyant pas y immigrer un jour, le Nord du Canada me semblait parfait. Après avoir discuté avec quelques personnes, dont Christine, qui étaient déjà allées à Whitehorse, la question ne se posait plus : je quittais la Suisse pour le Yukon, avec mon chat et ma chienne, Juska.

                                 Ma première cabane dans les bois, avant d'avoir des chiens de traînaeau

Après l'une de mes premières courses, ici avec Baïkal et Adak
 
 
Cabane où j'ai passé l'été 2009
 

Comment s’est déroulée ton installation ?

J’avais décroché un poste dans mon domaine (assistante en médecine vétérinaire) à distance.  La condition indispensable à mes yeux pour faire le pas. J’avais aussi trouvé un logement prêt à m’accueillir moi et mes deux animaux. Le voyage était pour le coup moins stressant. Mon travail s’est révélé merveilleux, et je me suis rapidement fait offrir la possibilité de rester à ce poste plus longtemps que les 12 mois prévus. C’est grâce à cela que j’ai pu obtenir une rallonge de mon visa de travail, et ce afin de préparer mon dossier de candidature à la résidence permanente que j’ai obtenu en octobre 2010.

Le logement s’est avéré être le plus gros challenge de mon immigration. Je n’ai pu rester dans ma première demeure (proche de la ville) car les conditions n’étaient pas celles qui m’avaient été décrites avant mon arrivée. De plus, le logement en « ville » était pratique à mon arrivée, mais rapidement l’appel du bois se fait sentir. C’est ainsi qu’à peine quatre mois après mon arrivée, je déménage en dehors de la ville (25 minutes), dans une petite cabane en bois sans eau courante. Le rêve aura duré quelques mois (tout l’hiver) et au printemps j’ai été forcée de trouver autre chose, la propriété n’étant pas accessible à la fonte des neiges (ca complique les aller et retour au travail). Je ne trouve rien de suite, Marcelle et Gilles me recueillent pour un mois, le temps de trouver une autre adorable cabane sans eau ni électricité à 45 minutes de Whitehorse. Pas un problème pour l’été. Heureusement arrive septembre et là je trouve une maison avec eau courante et électricité à seulement 20 minutes de la ville. Le luxe! Nous y resterons 3 ans. C’est à ce moment-là que mes chiens de traineau sont entrés dans ma vie. L’acquisition de mes cinq premiers chiens s’est faite en octobre 2009.
 
Vue imprenable sur l'bex Valley depuis notre "jardin"
 
Mes premiers cinq chiens de traîneau
 
Juska et Nico en canoë sur Scout  Lake, Ibex Valley


Quel accueil as-tu reçu de la part des gens de la région ? Est-ce facile de s’intégrer au Canada ?

Le Yukon est majoritairement peuplé de voyageurs jamais repartis, d’immigrants à la recherche de valeurs perdues. Tout le monde est là par choix (ceux qui ne le sont pas ne restent pas !), ce qui a pour merveilleuse conséquence de rendre le territoire accueillant et ouvert. Les contacts se font rapidement et facilement.  Mes premiers contacts étaient mes voisins, rencontrés sur la trail en promenant nos chiens, puis mes collègues, qui eux-aussi ont tout quitté pour tenter leur chance dans ce cadre fantastique. La solidarité est de mise, la preuve en est le soutien immense de Marcelle depuis 5 ans.

A Whitehorse, en territoire anglophone, il existe une large communauté de francophones. Les Français et les Québécois représentent la majorité, mais on peut voir quelques Belges, et quelques Suisse-Romands. Il n’est pas inhabituel d’entendre parler le français dans la rue ou au supermarché !
Une petite course locale par -40 degrés en 2010

 Entraînement sur les sommets le jour du solstice

Rencontre - Zulu est arrivé dans ma vie à l'âge de 6 mois en octobre 2011


Raconte-nous une de tes journées types.


Les journées type n’existent pas. Tout dépend de la saison, des projets en cours et des visites. En tout cas ici, on ne chôme pas !
Réveil 6h30, il faut nourrir les chats, la meute, partir au travail et retour à la maison vers 18h. En été, je lâche les chiens dans l’enclos, nous passons une « happy hour » quotidienne. Des fois nous prenons le VTT et nous allons nous promener dans les bois s’il ne fait pas trop chaud et que les moustiques ne nous harcèlent pas. Ensuite place au repas, des chiens, le nôtre attend souvent tard le soir. La période d’été étant courte, il faut profiter des quelques mois pour faire tous les travaux, la maintenance, les rénovations possibles. Ça implique travailler après une journée de travail, et souvent y passer les week-ends aussi.

L’hiver est bien différent. Toujours la même routine de l’emploi, mais en plus il y a les entraînements. L’hiver est intense. La minute de repos n’existe pas. Ça commence le 1er novembre et finit fin avril. En plus des entraînements, il faut s’occuper de la nourriture. Deux tonnes de croquettes à aller chercher à 80 km de chez nous, à transporter et ranger à l’abri des souris et de la faune sauvage. Et puis il y a la viande, une demi-tonne de bœuf congelé qu’il faut, pareil, commander et aller chercher à la livraison du camion. La viande vient sous forme de gros blocs qu’il faut ensuite casser à la hache avant de la distribuer aux chiens. De longues heures de travail, là encore, pour préparer la viande pour toute la saison et remplir les congélateurs.
J’ai la chance depuis l’automne 2012 d’habiter dans un coin où je peux atteler depuis le chenil. Un luxe inespéré. Economie d’énergie, d’essence, de temps. Je peux faire des entraînements de 25 kilomètres après ma journée de travail ou partir pour plus de 80 km depuis le pas de notre porte. 

 Au départ de la River Runner, course de 200 km - 2012

 River Runner 2012, soins des chiens au checkpoint

River Runner 2012, arrivée sur Whitehorse par la Yukon River

 Fin de saison 2012 différente pour Comet et moi
 
Combien de chiens as-tu actuellement ? Quels sont tes projets ?

Au 31 juillet 2013, 17 chiens partagent ma vie. Cela inclut Juska et Adak les deux « pets », trois retraités, deux chiens non-compétitifs et cinq chiots. Autrement dit je n’ai pas (encore) assez de chiens pour former une équipe de course et c’est là-dessus que je suis en train de travailler activement ! Mes projets sont de courir des courses mi-distances (entre 200 et 500 km) au Yukon et en Alaska.

 
Entrraînement de 100km, ici sur le lac Braeburrn, piste de la Yukon Quest 

 Notre dernier logement en date : une yourte

Notre terrain de jeu - 60 km sur Alligator Lake trail
 

Aurais-tu quelques particularités de la vie au Canada à nous partager ?

On parle beaucoup du temps. Et ça se comprend, nous vivons dans les extrêmes avec des températures allant de -45 à +36 !

 
Départ River Runner 2013
Dernière course de la saison 2013. Pour la petite anecdote, c'est lors de cette course
que je me suis cassé le doigt (os et tendon)
 
Qualifierais-tu la vie au Canada de « facile » ?

Tout le monde ne vit pas la même vie ici. Beaucoup de gens habitent le centre-ville, en appartement, sans animaux. Leur vie doit être facile, mais bien fade !

Moi j’ai choisi ma vie, pas d’une facilité évidente, mais je ne la regrette pas.

 Cao et Becks
 
 La relève ! - née le 5 juillet 2013

 Cao et Ovo
 
Carak et Ovo à 4 semaines
 
 
Pour continuer l'aventure, vous pouvez lire le récit de sa première grande course, la Percy Junior, 160km entre Dawson et Forty Miles en mars 2010, sur son site  :
 
 
 
Mille merci à Alex ! Good trails à toi et à ta meute !

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